La première notion développée dans ce volume consiste à ne pas définir de cursus de formation pour les praticiens du psychodrame. Pas de prêt-à-porter donc, mais favoriser à tout moment le processus de formation.

Cet ouvrage est le fruit d’une réflexion collective, résultat d’un colloque qui a abordé les idées complexes de l’aliénation et des  conformismes possibles dans un processus de formation. Est également  traitée la question suivante : comment privilégier en permanence la vitalité que favorise le psychodrame ?

Une contribution importante est signée par René Kaës qui développe sa conception de la formation ainsi que l’histoire du CEFFRAP. Mais ce qu’il éclaire surtout c’est comment le groupe permet l’accès à un inconscient qui serait inaccessible autrement. Il se réfère longuement à Didier Anzieu et rappelle que l’expérience de thérapie de groupe ne forme pas à la bonne communication. Elle tente plutôt de dégager les obstacles du Moi de chacun qui sont en jeu dans les désirs inconscients de toute groupalité.

Cet ouvrage est de nature à intéresser toute personne responsable de formation. Dans ce cas-ci, plus précisément la formation de thérapeutes. Mais le volume peut également concerner plus largement les enseignants, les moniteurs sportifs, les animateurs de mouvements de jeunes, etc.

La question centrale semble être la suivante : se former est-ce se transformer ? Se conformer ? Quels sont les enjeux en cours dans tout processus de formation-transmission? Comment éviter le piège d’une aliénation possible, par exemple en favorisant en fait la reproduction du même (un thérapeute reproduisant en tous points le style de son formateur, un pro fesseur d’art dont le travail des élèves semble être constitué de copies conformes…).

Les remèdes : aiguiser notre attention envers l’autre, réactiver ses potentialités. Car communiquer un savoir semble moins difficile que de transmettre un questionnement. Et, pour reprendre l’idée de René Kaës, transmettre ce que l’on ne sait pas encore – et ce qui est à découvrir – demeure l’essentiel.

Une phrase en résume parfaitement l’enjeu : un enfant peut être formé mais également être dé-formé, ré-formé, con-formé, trans-formé, le pire semblant être la séduction.

Dans tout processus d’apprentissage on rencontre une part légitime de souffrance. Apprendre c’est lâcher ce qui est connu pour un inconnu infiniment moins confortable et même douloureux.

Ces notions de souffrance-plaisir sont trop fréquemment déniées.

Il est indéniable que le fait de maîtriser et l’approfondir une technique procure une satisfaction évidente en dépit de la souffrance qui y est associée. En outre, la transmission d’une formation nous permet également de renouer avec une origine et donc de nous situer dans une filiation.