Balint, d’abord médecin généraliste à Budapest puis à Berlin, s’intéresse à la psychosomatique et à l’aspect psychologique de la pratique médicale. Il s’exile en Angleterre en 1939. C’est là pour aider des assistantes sociales aux prises avec des problèmes familiaux et conjugaux, qu’il constitue ses premiers groupes de discussions de cas et affine sa technique de groupe.
Il développe ce que l’on a appelé plus tard les groupes Balint. Ceux-ci fonctionnaient avec une douzaine de médecins et très vite ce type de groupes a été adapté à tous les soignants (infirmières, A. S. et aujourd’hui médecins spécialistes, kinés, psychologues, ergothérapeutes, etc.) puisque l’accent est mis principalement sur la relation soignant – soigné, relation dont le symptôme ou la maladie est le support. Le travail commence toujours par la présentation d’un cas, au départ d’une situation précise dans le temps et dans l’espace vécue par le soignant avec son patient. L’histoire est présentée librement, telle qu’elle a été vécue par le soignant.
Dans les groupes Balint la présentation est suivie d’interventions spontanées des membres du groupe, c’est une analyse critique d’attitudes professionnelles dans des situations bien précises, en fonction des réactions personnelles. Ce n’est pas le malade qui est au centre des discussions. L’histoire du malade est un point de départ, car il s’agira aussi de comprendre la signification et l’interaction dans le contexte du milieu familial et social. Elle sert à étudier la relation du soignant avec son patient et à voir comment un tel soignant peut aider le mieux possible tel patient à tel moment à évoluer favorablement. L’important réside dans la discussion qui porte sur la relation soignant-soigné. Dans le groupe Balint, il s’agit non seulement de reconnaître les émotions, celles du malade mais également celles du soignant, mais également d’envisager voir comment l’interaction entre les deux peut s’avérer favorable et utile au patient.
Dans les groupes psychodrame-Balint, c’est après la présentation du cas, que l’animateur met en place à partir du récit, la scène qui va être jouée. Cela peut être, par exemple, une consultation au cabinet médical, une visite au chevet d’un malade, un moment d’un acte technique, une visite à domicile, bref toute relation impliquant un soignant et un soigné au sens large du terme. Par association libre, à un autre participant de présenter une deuxième situation, et ainsi de suite.
C’est généralement le « renversement de rôle » (le médecin prend la place du malade) qui interpelle le plus le soignant ou le groupe. Le fait de pouvoir « doubler » le soignant ou le malade, donne des perspectives d’éclairage nouvelles sur la situation, sans affrontement direct où le soignant pourrait se sentir jugé.
Contrairement aux groupes thérapeutiques, ici l’anonymat entre membre n’est pas requis, souvent l’équipe se connaît et le secret professionnel rigoureusement respecté.