Consulter un psychothérapeute n’est pas a priori une démarche anodine. N’empêche – nous rappelle Tobie Nathan – que c’est dans notre propre boîte noire qu’il va falloir trifouiller en prenant le risque de mettre à mal nos attaches les plus profondes.

Du côté des thérapeutes, on trouve des orientations extrêmement diversifiées, réunies dans de nombreuses corporations qui trop souvent se caractérisent par une absence de transparence. Tobie Nathan s’étend longuement sur les qualités nécessaires à tout bon thérapeute et fournit à ce propos un certain nombre d’outils permettant de séparer le bon grain de l’ivraie.

A ce sujet, un élément indispensable et habituellement absent c’est de pouvoir récolter et confronter les témoignages des patients. Ce qui s’avère en fait plus important même que l’étude des cas. En ethnopsychiatre, Tobie Nathan aborde la notion de traumatisme, présente dans toutes les cultures et illustrée ici par un certain nombre de cas cliniques, à travers des approches respectueuses des traditions de chacun et en cohérence avec elles. Il nous rappelle également que le travail psychique des traumatismes a constitué en son temps la base des premières recherches psychanalytiques vers 1900.

Les deux auteurs consacrent plusieurs chapitres aux traumatismes psychiques résultant de violences, guerres, massacres, terreur politique….

Nathalie Zayde, spécialiste de l’enfant caché, nous explique que dans tout traumatisme on constate la présence d’un tiers au sein de la relation thérapeutique dans la mesure où le traumatisme lui-même est toujours causé par une personne ou un événement extérieur et elle illustre cette théorie par une série de cas cliniques.

Sur un autre plan, elle analyse également les logiques d’initiation dans les sociétés traditionnelles, c’est-à-dire le fait de subir un traumatisme volontaire ou symbolique occasionné dans le but de faire renaître l’individu comme conforme à sa communauté d’appartenance.

Sous un titre relativement provocateur, Tobie Nathan s’est fait l’avocat du diable afin de mieux nous mettre en garde contre de nombreuses dérives possibles de la psychothérapie, laquelle – comme nous le rappellent les deux auteurs – doit être « démocratique », terme entendu ici au double sens de transparence et d’éthique.

La psychothérapie demeure en fait le seul espace d’initiation personnelle, l’unique lieu où l’on puisse réellement prendre du temps pour s’adonner à la rêverie et à la pensée, mais ce à la condition toutefois de respecter scrupuleusement toutes les règles qu’impose la rigueur.

La psychothérapie, ils y croient. Mais, insistent-ils, préservons-la des apprentis sorciers et amateurs en mal d’abus de pouvoir…

Essai rafraichissant.