Nous retrouvons dans ce volume l’évolution des pratiques de psychodrame depuis qu’elle a été conçue par Moreno (contribution d’Anne Ancelin-Schutzenberger) et son ancrage que l’on associe de plus en plus au réveil actuel de la psychanalyse. De son côté, Didier Anzieu nous retrace les débuts du psychodrame en France – dont il a été, comme on le sait, un témoin privilégié – ainsi que son support théorique.
Parmi les diverses contributions on retiendra plus particulièrement David Benhaïm, « Intersubjectivité et lien », réflexion personnelle menée à partir de l’expérience et des théories de René Kaës. L’intersubjectivité représente ce qui lie positivement ou négativement des individus (l’espace commun avec des expériences spécifiques). Le groupe de psychodrame offre la possibilité de penser cette intersubjectivité sinon inaccessible. Quant au psychodrame, il permet la figurabilité des conflits internes ainsi des angoisses identitaires et facilite la levée des confusions, mettant en scène ce qui n’est pas représentable intérieurement.
De nombreuses contributions analysent les enjeux thérapeutiques à travers des cas cliniques. Citons à cet égard l’article de Bernard Robinson « Le jeu, l’amour, l’enfant : l’immarcescible du psychodrame » ainsi que Jean-Yves Levental, « Prendre le temps d’être pris de court : deux pratiques de psychodrame en institution ».
Le groupe de psychodrame analytique fonctionne à la manière d’une enveloppe en posant des limites entre le dedans et le dehors, effectuant une sorte de greffe face aux échecs des expériences de symbolisation primaires. La représentation peut s’opérer directement ou indirectement, grâce aux transferts diffractés (cf. les théories de René Kaës concernant les alliances inconscientes et la création d’un espace où la souffrance peut être déposée à l’état brut, pour être ensuite verbalisée et pensée).
Revue de grande tenue, qui non seulement reprend l’historique de la pratique ainsi que son enrichissement depuis plusieurs générations, mais y ajoute les réflexions pertinentes de praticiens travaillant tant en Europe qu’en Amérique du nord, tout en refusant de se laisser figer et en faisant rebondir les questionnements en fonction de l’évolution actuelle de la clinique et de la société.