Publication en hommage à Conrad Stein, grand psychanalyste français, un  an après son décès. Recueil édité par son épouse, Danièle Brun.
Conrad Stein est né en 1924 à Berlin. Son père qui était journaliste avait très tôt perçu les dangers du nazisme. La famille s’établira en Angleterre, en Suisse et en France où il soutiendra sa thèse sur le mutisme de l’enfant sous la direction de Serge Leibovici.
Contemporain et proche de Lacan, il restera cependant profondément indépendant. Il s’éloignera de toute idéologie, celles-ci ne pouvant être, disait-il, qu’aveuglément.
Il prônait l’écoute, de soi, de l’autre, des textes, aussi des grands mythes de  l’Antiquité.
Ecouter et assumer nos découvertes, écouter nos rêves, c’est ainsi, disait-il, que l’on peut retrouver l’enfant qui sommeille au fond de chacun d’entre nous. Pas l’enfant réel mais l’enfant « majuscule », avec ses fantaisies, ses impulsions. C’est par cette voie que l’adulte aura un accès à ses traumatismes et parviendra à s’en libérer.
Conrad Stein rejetait l’idée qu’une psychanalyse ou une psychothérapie devait « rendre plus adulte » : il affirmait que nous le sommes que trop et qu’il fallait, au contraire, « rétablir dans sa gloire le bébé écrasé que chacun porte en soi ».
Son enseignement était original. Il n’avait pas des disciples, mais des interlocuteurs. Car s’interroger, rester lucide et indépendant forment la base de la meilleure écoute.
Sa méthode : au début de chaque séminaire, il proposait à un praticien de présenter une séance de thérapie. Tout en insistant cependant sur le fait qu’il ne fallait ni établir un diagnostic ni cerner le cas, mais bien repérer dans la séance un effet de surprise. Et chaque participant à son séminaire était invité à associer, à partir de ce fragment de surprise, les représentations qui s’éveillaient en lui.      
L’histoire du patient devenait secondaire, le séminaire était principalement l’occasion de s’interroger sur les identifications qui circulent entre les participants, le but étant de favoriser une plus grande  disponibilité et réceptivité en limitant autant que possible les interprétations sauvages. Une mauvaise écoute peut devenir totalement meurtrière.
Pour Conrad Stein, le questionnement personnel, l’indépendance, la lucidité constituent les bases d’une meilleure écoute.
Retrouver le bébé, l’enfant, signifie également retrouver le plaisir de la découverte… et de la lecture.