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Dans le domaine scolaire, les préoccupations actuelles tournent autour de la violence en général et de situations particulières de violence telles que :
·        Le racket
·        Le règlement de compte entre parents au sein de l’école
·        Les règlements de compte entre élèves
·        L’agression d’enseignants par des parents eux-mêmes
·        La violence du petit enfant en âge d’école maternelle (l’enfant « sauvage », roi, en manque du manque…)
·        La violence verbale comme pathologie de l’agressivité, prothèse identitaire, déni de l’angoisse, pulsion partielle…
·        Les bagarres qui invalident
·        La détention d’armes (blanches, à feu…)
·        Les trafics illicites (drogue…)
·        Les automutilations
·        Les jeux de groupe aux « limites » ( du foulard, catapulte sur les murs…)
·        Les défis pour entrer dans la bande
·        Les TAG
·        Les détériorations du matériel scolaire y compris sur les voitures des enseignants (carrosserie griffée, essuie-glace brisés…)
·        Menaces verbales sur les enseignants
·        Harcèlement entre élèves
·        Certaines TS
 
Mais qu’est-ce que la violence ?
 
Le mot « violence » vient du latin « violentia » qui signifie « abus de force ». « Violent », provenant du latin « violentus » signifie « qui agit ou s’exprime sans aucune retenue ».
La violence intrinsèque à tout individu est déjà présente chez  le petit enfant en pleine phase d’oralité notamment (« je veux survivre, vivre et être plein »). A ce niveau l’énergie est centripète. L’enfant ramène tout à soi pour reformer un tout. La violence bataille contre le manque. C’est une violence défensive habitée par la crainte de disparaître. Mais cette violence restera violence si elle n’est pas soutenue au départ, entendue et contenue pour pouvoir se transformer en agressivité. L’enfant a besoin d’être protégé dans un premier temps  pour se construire et ensuite être confronté à un tiers pour poursuivre son évolution et canaliser sa violence.
La violence est inscrite en tout individu déjà aussi au niveau du stade oedipien car l’autre est un rival qu’il faut éliminer !
La violence contenue est transformée en agressivité. Celle-ci implique la pensée, du tiers.
La violence  reflète l’incapacité de penser, l ‘absence d’inter-dits. Elle envahit l’autre (cf. violence d’emprise, de possession, par négligence, par refus du conflit). Dans notre société hypermaternante elle signifie une faille de la fonction paternelle.
 
Des voies possibles par le psychodrame :
 
Lieu de parole, d’expression et d’action cadrée, le psychodrame peut offrir des moyens qui aident à sortir de la violence :
·        Donner du cadre, contenir, soutenir, accompagner
·        Permettre une « rencontre » grâce à l’empathie et la confrontation (proximité et distance ; présence-absence ; plaisir-insatisfaction)
·        Lieu pour le symptôme
·        Travail du pulsionnel pour le dépasser
·        Sortir de la relation binaire. Ce n’est plus toi ou moi mais toi et moi et nous
·        Amener du tiers, trianguler, sortir de l’escalade.
·        Retrouver le désir
·        Renouer, recréer du lien
·        Se reparler
·        Libérer les émotions
·        Lieu de travail des angoisses, de travail sur soi, sur ce qui se joue entre les personnes
·        Lieu où l’histoire du sujet peut reprendre un sens (repérer les ruptures, les nœuds…)
·        La place donnée au groupe et non plus à l’individualisme
·        Permet une catharsis : l’expression des émotions à une influence sur la santé, permet de revenir au désir
·        Lieu de symbolisation , de représentation, de remémoration. On s’y soigne en se remémorant. En se remémorant on rejoue. En rejouant on symbolise. On se « ré-origine ». On peut se soigner en symbolisant le non-approprié de l’histoire subjective vécue. Le tableau des années oubliées peut se ré-organiser dans une perspective devenue alors constructive.
 
Le psychodrame ne représenterait-il pas la métaphore des « trois marches » citée par Philippe Avron  (dramaturge et philosophe) dans son spectacle « Rire Fragile ».
 
Le trois marches :
 
Montant sur la première marche nous disons :
« Qu’est-ce que je fous là ? »
Sur la deuxième marche nous demandons à l’autre:
« Qu’est-ce que tu fais là ? »
Et arrivé sur la troisième :
« Où allons-nous ?
 
Cela ne ressemble-t-il pas aux trois questions essentielles posées par la philosophie à savoir  sur nos origines, notre identité et sur notre avenir ( d’ou venons-nous, qui sommes-nous et vers quoi allons-nous ?).
Nous sommes d’accord également avec Philippe Avron (encore lui) quand il dit que nous sommes les alchimistes de notre métamorphose.
En psychodrame nous montons les escaliers marche par marche afin d’atteindre un palier, un autre horizon.