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 Dans les pages qui suivent, mon propos concernera le psychodrame d’orientation psychanalytique en groupe. Ceci est à distinguer du psychodrame de groupe ainsi que du psychodrame individuel, expériences certes intéressantes mais qui demanderaient à elles seules tout un exposé.

 
INTRODUCTION
 
Comparé à ce qui se passe dans l’expérience analytique classique, en psychodrame, les participants et les cothérapeutes « consomment » d’entrée de séance, du regard, de la voix, du corps, de la parole et du discours[1]. Autrement dit, les pulsions scopiques et invocantes et les processus identificatoires et projectifs sont immédiatement « mis en acte ».
 
Il est peut-être utile de rappeler que le psychodrame est né en opposition à la psychanalyse. On raconte qu’un jour Freud a demandé à Moreno ce qu’il faisait, c’était à Vienne en 1912. Moreno lui aurait répondu : « Je commence là où vous finissez ». En 1925 Moreno quitte l’Europe pour les Etats-Unis emportant avec lui sa création qui s’y développera largement.
 
En 1945, par le fait d’ Anne Ancelin-Schutzenberger, qui s’est formée au psychodrame chez Moreno, le psychodrame revient en Europe. Se formant à la psychanalyse en France, Anne Ancelin y développe alors un psychodrame qualifié de triadique. D’autres psychanalystes s’en inspirèrent et repensèrent plus radicalement le psychodrame à partir de la conception psychanalytique des structures psychiques et du traitement. Ce fut le cas notamment de S. Blajan-Marcus qui fonda avec Paul et Génie Lemoine la société d’étude du psychodrame thérapeutique (SEPT). Leurs références deviendront la conception psychanalytique lacanienne de l’appareil psychique et du corps pulsionnel dans leur triple dimension (symbolique, imaginaire et réel) et au regard des trois instances (besoin, demande, désir), dimensions et instances présentes dans toute construction humanisante du petit d’homme, de ses désirs, de son rapport à ses semblables et au grand Autre[2].
 
Ces psychanalystes repenseront aussi le travail psychique et corporel à effectuer en vue de répondre aux demandes de traitement pour allègement des souffrances et symptômes dont les causes majeures s’originent dans l’inconscient.
 
Un psychodrame d’orientation psychanalytique est-il possible alors que cette pratique s’est élaborée au départ en opposition à la psychanalyse ? Je vais tenter de donner quelques éléments de réponse à cette question. En me basant sur mon expérience psychodramatique et psychanalytique j’affirme que oui, c’est possible.
 
Mais comment ? Avec quels outils et sont-ils identiques à ceux qui sont utilisés dans les cures psychanalytiques ?
 
Enfin, j’envisagerai les limites, voire les impasses de cette conjugaison du psychodrame et de la psychanalyse.
 
PSYCHODRAME ET PSYCHANALYSE
 
Pour que le psychodrame puisse être à bon droit qualifié de psychanalytique, il faut, mais il ne suffit pas, que les formations de l’inconscient (symptômes, rêves, lapsus, mots d’esprit…) se mettent à circuler. Il est non seulement nécessaire d’utiliser les outils conceptuels majeurs de la psychanalyse, c’est-à-dire le transfert et l’association libre. Il importe de plus que ceux-ci soient au cœur du discours du groupe. Il faut enfin que, par le jeu et ses techniques (double, aparté, etc.), ces formations de l’inconscient soient dépliées, analysées et que les psychodramatisants puissent en tirer les conséquences dans la réalité et le réel de leur existence.
 
Vous pouvez dès à présent entrevoir que cela pose quelques difficultés. En effet, en psychodrame et en psychanalyse, l’inconscient est inévitablement interpellé de façon différente puisque le cadre est différent tandis que les outils conceptuels et techniques utilisés le sont aussi. Enfin, explicitement ou implicitement, les visées de ces deux cures divergent en plus d’un de ses aspects.
 
LE CADRE
 
Le psychodrame se réalise au sein d’un groupe (même le psychodrame individuel) et il est dirigé très souvent par un couple de psychodramatistes auquel se joint fréquemment un observateur. Ceci d’entrée de jeu, si je puis dire, produit des transferts pluriels et diffractés. Nous reviendrons plus loin sur cette question des transferts.
 
Du fait du groupe, se déploient d’emblée différents mécanismes psychiques dont le principal est l’identification. Celle-ci est induite non seulement par la parole mais aussi par le corps de chacun des membres du groupe. Ce processus est à la fois nécessaire et structurant mais aussi aliénant. Ce sera cette dimension aliénante qu’il sera important d’alléger, voire de supprimer. Car ce processus, dans sa dimension S.I.R., permet très souvent d’éviter l’affrontement à la solitude structurale de tout parlêtre face à sa naissance et à son devenir. Autrement dit, à la « vérité » de la structure qu’inévitablement fait émerger l’angoissante question du désir de l’Autre[3]. Cette « Vérité » signifie au sujet que le savoir de l’analyste et des cothérapeutes ne venait que nourrir les fantasmes qui véhiculaient l’objet du désir en le substantifiant.
 
Il me semble que le dispositif du groupe de psychodrame ne peut mener à cette fin.
 
Pourquoi ? Evoquons quelques raisons.
 
D’une part, les formations de l’inconscient ont une histoire singulière et transgénérationnelle. Tel psychodramatisant n’est pas un autre, et chaque psychodramatisant est subjectivement divisé du fait qu’il est un être soumis au langage. Rappelez-vous le titre du livre de Julia Kristeva : « Etranger à lui-même » et la formule de Rimbaud « Je est un autre ».
 
Par ailleurs, le discours du groupe et la présence de « chaque UN » va proposer de nouvelles identifications et donc de nouvelles aliénations. N’oublions pas non plus que le processus d’identification est un processus inconscient, qui se produit sans le savoir et sans le consentement du sujet. N’oublions pas aussi que ce processus d’identification maintient le refoulement. « Je me fais l’objet de la demande de l’autre en incorporant un de ses traits, de ses symptômes » ou « Je me fais objet pour l’autre, pour sa jouissance et pour me faire aimer de lui ».
 
Comment éviter dans le groupe ce que Freud nommait « la contagion affective », par laquelle l’individu « devient incapable d’observer une attitude critique et se laisse gagner par la même émotion (que l’ensemble des autres)»?
 
Nous savons que, pour Freud, l’émotion était une stimulation, un appel au désordre, voire à l’émeute.
 
Quant à la règle de l’association libre, elle est certes possible et de mise pour le début des séances, voire du jeu, mais elle est inévitablement interrompue par la parole des autres participants et la mise en place du jeu lui-même.
 
Vous pouvez facilement comprendre, vu ce que je viens d’avancer, que je ne puis souscrire à une thèse de Paul Lemoine et une autre de G. Lemoine.
Il fut un temps, en effet, où Paul Lemoine affirmait que le psychodrame menait au même but que l’analyse mais par d’autres chemins, affirmation sur laquelle il est revenu par la suite. Quant à Génie Lemoine, elle déclara un jour « que la seule différence entre le psychodrame et la psychanalyse était le jeu ». Mais peut-être a-t-elle changé d’avis depuis lors.
 
Par contre, je souscris à ce que Paul et Génie Lemoine affirmaient par ailleurs : « Le psychodrame a pour fin de rompre l’individu à la difficile pratique de l’intersubjectivité ». Je souscris aussi à ceci que soutenait Patrick De Neuter : « Le psychodrame, du fait du jeu et du travail du groupe, a des effets analytiques et psychothérapeutiques ». Parmi ces effets spécifiques, il précisait notamment que le psychodrame était un outil privilégié pour l’analyse des identifications et des projections
 
 
 
CO-THERAPIE, COUPLE DE PSYCHODRAMATISTES
 
Comme je le disais en commençant, le psychodrame analytique en groupe se pratique le plus souvent par un couple d’analystes et un observateur.
 
Par cothérapie, j’entends : la conduite partagée du processus thérapeutique, dans le même temps, le même lieu et par les mêmes personnes. Toutes les trois sont de formation psychanalytique. Il faut savoir que le travail thérapeutique, quel qu’il soit et donc à fortiori en groupe et avec des cothérapeutes, ne laisse pas le clinicien indemne. Chaque thérapeute sera mis à l’épreuve dans ce qu’il est comme analyste, comme personne, comme sujet et dans sa relation à son partenaire et au groupe.
 
Ce qui fonde le groupe comme le couple, c’est la croyance en une unité. Ce qui lie chacun dans le groupe, c’est la référence à un idéal commun, idéal représenté et incarné par un leader. Tel est l’enseignement de Freud. Nous retrouvons cette croyance et cet idéal chez chaque membre du groupe et aussi dans le couple des cothérapeutes.
 
Ce qui unit un couple réel, je désignerai ainsi, un couple dans la réalité quotidienne, ou encore « dans la vraie vie », c’est l’amour et le désir et plus primordialement le désir sexuel. Or, la psychanalyse nous a démontré la grande difficulté de la cohabitation de l’amour et du désir pour tout sujet et plus particulièrement pour le sujet mâle. Pour dire les choses très brièvement, l’amour souhaite faire UN et relève du narcissisme, c’est-à-dire du moi. Le désir cherche un objet qui pourrait le satisfaire. Mais ce désir est soumis à la rude épreuve de l’impossibilité commune de trouver cet objet de pleine satisfaction.
 
QU’EST-CE QU’UN COUPLE ?
 
Un couple, nous dit P. De Neuter, « est constitué par un ensemble complexe de relations, d’expériences, de liens conscients et inconscients très divers »[4]. Nous retrouvons cette complexité dans le couple de psychodramatistes. Qu’il le veuille ou non, ce couple sera exposé aux transferts et contre-transferts pluriels des membres du groupe : couple parental, conjugal, d’amants, hétérosexuels ou homosexuels, etc. Il sera donc le support de l’émergence des problématiques infantiles et sexuelles des participants. Comme l’écrit Jean Forest : « … il sera interrogé dans ses rapports affectifs, dans son identité sexuelle différencié (et j’ajoute ou non) et chacun le sera dans sa conception des rapports homme-femme, dans ses choix d’objet et son mode de vie »[5].
 
Cette complexité va s’accroître lorsque le couple de cothérapeutes est aussi un couple « dans la vraie vie ».
 
DE QUELQUES DIFFICULTES
 
Envisageons d’abord ces difficultés qui, comme vous le pressentez, vont quelque peu compliquer le travail des analystes et, par conséquent, peut-être aussi celui des psychodramatisants.
 
Les images et représentations que le couple réel a de lui-même teinteront les images et représentations qu’ils se font en tant que couple de psychodramatistes. Le cadre et la fonction vont permettre, bien sûr, une certaine distanciation par rapport à leur réalité. Mais comment vont-ils entendre et se prêter, prêter leur appareil psychique et leur corps au jeu et enjeux des transferts et identifications ?
 
Comment vont-ils permettre aux membres du groupe d’analyser ces processus par le jeu et ses techniques ?
 
La perception par les participants de chacun des psychodramatistes et du couple sera peu ou prou différente. Il en découle que chaque psychodramatiste est interpellé différemment. Les interventions et interprétations de l’un et de l’autre vont elles aussi être vécues différemment par chacun des participants du groupe.
 
Les transferts et contre-transferts de ceux-ci mobilisent le couple de psychodramatistes dans ses fantasmes. Il devra métaboliser ces transferts différents qui prennent l’un et l’autre pour objet. Il arrive fréquemment que l’un des deux soit l’objet d’un transfert positif et l’autre d’un transfert négatif. Bien que l’on sache que ce n’est pas à la personne du psychodramatiste que ce transfert s’adresse, ce savoir n’annule pas les réactions contre-transférentielles, ni non plus les conflits que ces transferts différents peuvent faire surgir dans le couple, surtout si ces diffractions du transfert visent précisément à disjoindre le couple des thérapeutes représentant dans la cure le couple des parents. Tout couple de psychodramatistes devra donc métaboliser les effets de ces transferts, surtout si c’est un couple réel pour lequel les enjeux dépassent largement la sphère professionnelle. Il est en effet aussi mobilisé dans sa réalité quotidienne. Comment le couple va pouvoir travailler et vivre dans la réalité avec ces différents transferts ?
 
Autre cas de figure : la répartition des transferts maternels et paternels qui se ne se distribuent pas nécessairement en fonction du sexe biologique. Ici aussi, la question s’impose de savoir comment être et agir pour que cela n’éveille pas un conflit dans la réalité professionnelle, ne suscite pas les agressivités, voire les souvenirs dans cette même réalité professionnelle. Lorsque le couple est réel, on voit comment ces projections peuvent réactualiser les « scènes de ménage » qui surgissent tôt ou tard dans toute vie de couple?
 
Au long de la cure, la ou les tâche(s) aveugle(s) de chaque psychodramatiste est (sont), si je puis dire, « mise(s) en scène sur la place publique ». Et cette mise en scène publique n’est pas sans effet sur l’autre psychodramatiste. Comment vivre ces différences quant à leur tâche aveugle ? Et s’ils sont focalisés sur leurs tâches aveugles respectives, pourront-ils être attentifs à celles des différents membres du groupe ?
 
Lorsque leur couple est réel, comment pourront-ils repérer, analyser ces tâches aveugles sans réveiller et faire surgir des souvenirs, affects, fantasmes qui relancent la dynamique du couple dans leurs éventuelles difficultés ? Bien plus, cette tâche aveugle et les autres mécanismes que nous venons d’évoquer peuvent réinterroger les partenaires du couple sur leur choix d’objet d’amour et de désir et susciter, éventuellement, un sentiment d’avoir été trompé ou trahi par le conjoint. Il y aura en tout cas découverte parfois positive, parfois négative, de facettes de l’autre jusqu’alors ignorées.
 
Il est une autre difficulté à surmonter par tout couple de psychothérapeute. Trouver une façon de traverser sereinement les conflits qui émergent du fait d’une lecture différente de ce qui se passe pour tel ou tel participant ou dans la dynamique du groupe ou encore par rapport à telle intervention ou interprétation. Lorsque le couple est réel, la difficulté est redoublée. Comment analyser et traverser ces conflits, s’ils rejoignent certains conflits que vit le couple dans sa réalité quotidienne et son devenir ?
 
Abordons une dernière difficulté spécifique aux psychodramatistes formant un couple dans la vraie vie. Dans le groupe de psychodrame, une des règles qui conditionne la présence des participants dans le groupe est idéalement, qu’ils ne se connaissent pas et en tout cas qu’ils n’aient pas de relations entre eux en-dehors des séances. Comment les participants accepteront-ils ces règles lorsqu’ils sont mis en présence d’un couple réel qui n’est pas soumis à cette règle. Acting Out et passages à l’acte ne seront-ils pas « suggérés », de ce fait aux membres du groupe pour peu que la « transgression » soit une de leur modalité de jouissance ? Par ailleurs, la liberté de dire est-elle possible lorsque la règle d’abstinence de relations sexuelles réelles ne concerne que les participants ?
 
AVANTAGES DE LA CO-THERAPIE
 
Mais la cothérapie n’a pas que des inconvénients et n’engendre pas que difficultés.
 
L’un des avantages de la cothérapie, concerne précisément ces tâches aveugles que nous venons d’évoquer. La tâche aveugle de l’un étant rarement celle de l’autre, le partenaire peut prendre le relais dans l’écoute et la direction du jeu psychodramatique. Par conséquent, maniée adéquatement, ces différences font que la séance de groupe peut être en même temps une séance de supervision réciproque au bénéfice du groupe comme pour chacun des psychodramatistes.
 
La cothérapie n’est pas seulement un moment d’écoute et éclairage à partir de différents points de vue. C’est aussi un moment de plaisir partagé consécutif au travail d’analyse à partir du jeu et de ses effets.
 
La cothérapie peut aussi être un moment d’accroissement du désir averti c’est-à-dire débarrassé (du fait de l’analyse personnelle et de la formation psychodramatique) de la recherche de trouver un objet qui vienne satisfaire ce désir.
 
Ce qui implique que les psychodramatistes aient subjectivé et se soient approprié l’idée que le désir n’a pas d’objet pleinement satisfaisant et que la satisfaction du désir laisse toujours à désirer. Il s’agit là d’un des aboutissements de la cure psychanalytique. Ce manque d’objet implique la reconnaissance de la perte inaugurale de cet objet qui aurait été complètement comblant et que c’est ce « manque d’objet » qui nous rend désirant. D’où la question qui s’est posée et se pose encore sans doute, peut-on fonctionner comme psychodramatiste d’orientation analytique sans être passé par l’expérience d’une psychanalyse classique ?
 
 
Mais revenons à la cothérapie, pour en signaler la dimension générale de partage, d’expérience et de formation continue. Ce désir davantage averti permettra l’émergence d’un désir de création pour les cothérapeutes comme pour les participants.
 
Par ailleurs, on ne peut nier que la cothérapie soit aussi un support réciproque lors de moments difficiles dans la dynamique du groupe (agressivité, haine,) ou dans le jeu. Les psychodramatistes ont à faire face à la peur, voire à l’angoisse que le groupe peut susciter. Etre deux ne protège pas du danger mais éloigne la peur au bénéfice du bon fonctionnement des psychodramatistes et donc au bénéfice des participants.
 
Enfin, comme le disaient P. et G. Lemoine, que j’évoquais en commençant, « le psychodrame a pour fin de rompre l’individu à la difficile pratique de l’intersubjectivité ». Je pense, en effet, que le psychodrame en et de groupe comporte cet apprentissage pour les participants comme pour les cothérapeutes. Que cet apprentissage est d’ailleurs une nécessité pour la vie, la vie de couple et la vie en société.
Pourquoi pas ? Mais nous sommes là dans une tout autre perspective que la perspective psychanalytique et plus spécifiquement la perspective lacanienne quant à la conception du transfert et de la finalité de la cure.
 
IMPORTANCE DE LA SUPERVISION
 
Afin de mener à bon port le travail et chacun, il me semble indispensable qu’après chaque séance, un temps de réflexion, de partage et de reprise des difficultés soit prévu, afin d’en repérer les effets des séances tant sur les participants que sur les cothérapeutes.
 
Une supervision du couple des cothérapeutes permet d’enrichir chacun et peut avoir des effets des plus bénéfiques pour les participants.
 
 
EFFETS POSITIFS POSSIBLES SUR LES COUPLES PROFESSIONNELS ET REELS
 
Nous avons envisagé les effets négatifs éventuels de la cothérapie sur les couples de thérapeutes et les effets positifs sur le fonctionnement du groupe.
 
Néanmoins la cothérapie n’a pas que des effets négatifs sur le couple professionnel et même sur le couple réel.
 
L’expérience enrichissante de la création à deux, de la cocréation de quelque chose de neuf pour les participants, partage de leur formation respective et donc approfondissement des formations de chaque uns, de la supervision réciproque, le fait d’avoir traversé ensemble des moments difficiles et de s’être soutenus dans ces épreuves professionnelles, d’avoir partagé avec le groupe des récits de vie éprouvants, renforce les liens de camaraderie, d’estime réciproque, voire d’amitié. Certains couples de cothérapeutes deviennent des couples d’amants « dans la vraie vie ». Il arrive même que certains s’épousent.
 
De même, pour les mêmes raisons, certains couples réels peuvent se trouver enrichis et renforcés malgré les difficultés rencontrées. Un couple n’est pas l’autre, mais pour ma part, aujourd’hui, je ne recommanderais pas cette pc-thérapie en couple réel.
 
CONCLUSIONS
 
Et je conclurai par une joke ad hoc : « Le couple est le lieu où l’on peut résoudre à deux le problème que l’on n’aurait pas si l’on vivait seul ».
 
Avril, 2013
 


[1] Le discours, c’est ce qui fait lien social
[2] Voir à ce propos la collection de Bulletins de la S.E.P.T., le livre de B. Robinson “Psychodrame et psychanalyse” (De Boeck, 1998) ainsi que ces deux articles de P. De Neuter “Le groupe et le jeu psychodramatique : une perspective analytique ». In « Acta psychiatrica belgica », 1978, n°78, pp. 269-286 et “Les interprétations théâtrales, psychodramatiques et psychanalytiques in “Psychodrame et psychanalyse, Cahiers du CFIP”, 1980.
[3] Question qui, en fin de cure psychanalytique, aboutit à la réalisation que l’existence de cet Autre n’est qu’une construction, un fantasme, une représentation certes nécessaire pour un temps, comme l’est la névrose de transfert, mais leurante. L’analyse en permet la déconstruction et aboutit au constat que cet Autre est barré, voire qu’il n’existe pas sinon comme instance psychique.
[4] La cothérapie en cas de thérapie analytique de couple, in Epistoles, 2009, n°1, pp. 38-50.
 
[5] Raisons et déraisons de la cothérapie en psychothérapie analytique de groupe, Psychothérapie, vol. 8, 1998, p. 25.