Ce manuel, dont j’estime qu’il ne tardera pas à s’avérer indispensable à tout travailleur de santé mentale, nous offre les outils pour organiser l’observation des symptômes psychopathologiques permettant d’établir un diagnostic différentiel.

Pour rappel, le diagnostic est une relation à trois :
  • celui qui pose le diagnostic ;
  • celui qui souffre ;
  • les symptômes de celui qui souffre (l’expression de son mal-être et l’exploration de sa partie non-malade).
Depuis son avènement la psychiatrie interroge ce dialogue à trois. Elle semble toutefois bien loin d‘être un long fleuve tranquille pour peu que l’on retrace son histoire et celle des pratiques psychothérapeutiques, échelonnées de conflits, de ruptures, de continuités et de discontinuités ainsi que de transmissions. Cependant ce dialogue est constamment enrichi de nouvelles expériences et découvertes scientifiques (psychanalyse, neurosciences, approches sociocommunautaires et institutionnelles, psychologie cognitive, etc…). Et si elles paraissent parfois toutes parfaitement compatibles entre elles – voire complémentaires -, on observe le plus souvent qu’elles s’ignorent.
Ce manuel nous propose une synthèse des différentes approches ainsi que de leur ancrages traditionnels (par exemple: les critères pour décrire les délires ne sont pas les mêmes dans les traditions française et anglo-saxonne).
Vassilis Kapsambelis, qui a dirigé cette publication, signe le chapitre consacré à la séméiologie psychiatrique, c’est-à)-dire des quelques centaines de termes élaborés dès le XIXe siècle pour décrire les troubles quantitatifs et qualitatifs. Correctement effectué, ce déchiffrage marque la base de toute rencontre thérapeutique.
André Galinowski reprend, quant à lui, l’évolution des neurosciences qui se sont développées au cours des années 1960 et 1970 et qui se sont d’ailleurs imposées depuis lors (électrophysiologie, génétique, etc.).
Chacune des diverses approches thérapeutiques est longuement développée par un spécialiste reconnu du domaine traité et suivie d’une bibliographie de base. Le psychodrame et ses différentes variantes font l’objet d’un chapitre fouillé.
S’agissant des aspects législatifs, la matière se centre essentiellement sur la France.
La partie la plus importante de ce volume est consacrée à la clinique, à son approche traditionnelle ainsi qu’aux différentes classifications internationales (avantages et désavantages, le tout illustré par quelques cas cliniques). La classification DSM est présentée dans sa version de l’an 2000 qui présente la caractéristique de regrouper sous l’appellation « troubles anxieux » quasiment toutes les pathologies névrotiques à l’exception des troubles hystériques. La nouvelle classification CIM est annoncée pour l‘an 2014.
Les auteurs tiennent à insister qu’en aucun cas l’une quelconque des entités psychopathologiques identifiées ne saurait remplacer l’analyse clinique.
S’agissant des chapitres cliniques, ils sont répartis comme suit: pathologies névrotiques, psychotiques, troubles de l’humeur, addictions, troubles alimentaires, démences et psychopathologies…
Quoique l’ouvrage – comme l’indique son titre – traite essentiellement de la clinique de l’adulte, trois chapitres succincts y sont cependant consacrés à l’enfance, à l’adolescence et aux personnes âgées.
Robin Malgat fait le point sur la pharmacologie ainsi que sur les thérapeutiques biologiques.
L’approche des auteurs reflète leur philosophie de base et tend à démontrer que la psychiatrie ne peut en aucun cas devenir une méthode standardisée d’investigation. S’il est nécessaire de posséder les outils pour observer et approfondir la connaissance des troubles psychopathologiques, la rencontre avec la personne qui souffre reste néanmoins centrale. Car c’est à travers ce lien et l’intégration des aspects techniques qu’une thérapeutique valable pourra se mettre en place.