Volume stimulant qui se situe dans la continuité des travaux de René Kaës, les diverses contributions abordent différents aspects de la groupalité, approche thérapeutique en plein essor et qui suscite une abondance de réflexions. Le groupe fonctionne comme une enveloppe, un contenant, un lien. Je voudrais citer parmi les contributions celle de J.-B. Chapelier ayant pour titre « Chaos, contenance et créativité », thème qui évoque le processus de la créativité que l’on retrouve dans les théories de la Kabbale.

De son côté, Didier Anzieu nous rappelle les différentes étapes de la création dont le premier mouvement est régressif et lié à une crise intérieure qui fait remonter des fantasmes archaïques. Il décrit l’enfant qui commence à s’ennuyer, semble régresser, son imagination explose. Ensuite l’enfant organise son imagination et se trouve plongé dans un processus de création. L’achèvement de ce processus constituera précisément l’épreuve de réalité, c’est-à-dire la confrontation au jugement de l’autre. La première phase se révèle angoissante, mais ensuite – au fur et à mesure que la créativité se structure – les sentiments s’apaisent et elle s’avère rassurante. Songeons ici à Picasso décrivant son

En thérapie de groupe, d’enfants, d’adolescents et d’adultes on retrouve dans les premiers temps une situation proche d’un « chaos », une décharge qui engendre de nouvelles émotions et représentations, ce qui permet de dépasser les aspects figés.

Bernard Chouvier évoque l’utilisation de contes dans des groupes d’enfants autistes. Ainsi, le cas d’un enfant resté bloqué sur le personnage de l’Ogre dans Le Petit Poucet. Cet auteur insiste sur l’importance d’introduire une issue positive s’agissant de l’Ogre, mauvais objet. Par exemple, en posant la question : « et maintenant, qu’allons-nous faire de l’Ogre ? ». Ce type d’interventions exige une solide intuition ainsi qu’une dose d’originalité de la part du thérapeute afin de bousculer ce qui est stéréotypé, figé. Le thérapeute proposera une logique nouvelle dans un autre espace afin de permettre une transformation. Pour reprendre la terminologie de Bion, le thérapeute stimulera « ses rêveries » tout en restant toutefois au plus près de la préoccupation du groupe.

Dans la même veine, Claudine Juptner relate une transformation  créative dans un groupe d’enfants atteints de troubles de la pensée et  d’inhibitions, tant au niveau de la parole que sur le plan intellectuel. Huit séances pour transformer l’histoire du Loup et des Petits Cochons. Au fur et à mesure des séances, les enfants vont imaginer, associer et relancer l’intrigue. Le Loup finira par être apprivoisé, deviendra végétarien et, en fin de compte, protecteur des Petits Cochons. Grâce à cette transformation, les enfants auront su maîtriser leurs angoisses et dépasser leurs inhibitions.