Les règles en psychodrame en groupe.

Dans le travail de psychothérapie de groupe, le thérapeute crée un cadre sécurisant qui favorise l’expression de soi et rend possible le travail du groupe. On peut faire le parallèle avec la notion de holding de Winnicott. Les règles délimitent un espace et des frontières entre l’extérieur (la vie quotidienne) et l’intérieur (la vie groupale et psychique).
Tout groupe de psychodrame commence par l’énonciation des règles du jeu, des conventions. Elles sont expliquées lors de la première séance ou lors de l’entretien préliminaire. Elles peuvent être rappelées et nuancées selon l’orientation des psychodramatistes et le contexte de travail.

Voici cinq règles les plus courantes :

La spontanéité, la liberté d’être soi.
Il s’agit de favoriser l’énonciation des émotions et de ce qui vient à l’esprit, sans exercer de censure. Dans un groupe, les expériences des uns relancent les associations des autres. Cette règle est donc fondamentale pour favoriser l’émergence du travail psychique individuel en groupe.
De même on peut tout jouer tout en restant dans le mode du « comme si », de la représentation. Particulièrement les gestes d’amour ou d’agressivité sont esquissés: on n’embrasse pas, on ne frappe pas, on fait comme si. Dans certains types de psychodrame, on ne se touche pas.
La plupart du temps, une convention veut que l’utilisation des prénoms dans le groupe favorise cette spontanéité. Chacun peut ainsi se sentir affranchi de certaines règles sociales qui déterminent les échanges, les fonctions, les hiérarchies spéciales de rôle, de statut…Cette convention favorise d’être au plus proche de ses ressentis sans barrière ni censure.
Le protagoniste ainsi que le psychodramatiste doivent se sentir libre de proposer un jeu dans la mesure où toute proposition de jeu comme tout rôle peuvent être refusés.

L’engagement et la ponctualité.
Chacun s’engage à être présent à chaque séance et ce, de manière conforme à l’horaire préétabli. Il s’agit d’un engagement par rapport à soi même et par rapport aux autres qui vise à dépasser d’éventuelles résistances. L’équilibre d’un groupe ne se résume pas à la somme des présences individuelles. A partir du moment où quelqu’un est membre d’un groupe, il a des attentes vis-à-vis des autres pour la prise d’un rôle ou un écho. Dans ce sens quitter un groupe se fait selon des modalités pré établies. Aucun groupe ne ressemble à un autre ; chaque groupe est particulier, possède sa propre ambiance, texture, coloration. L’absence d’un des participants influe immanquablement sur le processus groupal et le travail psychique de chacun. Cette règle de l’engagement et de la ponctualité vise, dès lors à préserver un équilibre groupal essentiel. Dans la mesure où il est énoncé à chacun de s’engager dans le processus, toute séance manquée est due.

La confidentialité.
« Tout ce qui est personnel appartient au secret professionnel du groupe, chacun est thérapeute de l’autre. »
Il est demandé aux participants de ne pas révéler le contenu des séances en dehors du groupe. Chacun est tenu à un devoir de réserve par rapport à l’extérieur. Cette règle veille à renforcer le climat de sécurité et de confiance nécessaire à l’objectif commun qui rassemble tous les participants. Chacun se sentira ainsi libre de s’exprimer sans conséquences directes dans la vie réelle. L’espace de jeu groupal est un lieu unique, une co-construction qui facilite l’émergence de représentations refoulées ou non symbolisées. Pour ce faire le sentiment de confiance et de sécurité est absolument nécessaire.

L’abstinence.
Il est demandé d’éviter les contacts entre les membres du groupe en dehors des séances de psychodrame. Dans les groupes thérapeutiques, les participants ne se connaissent pas à l’exception des groupes de vie et de famille.
Le travail s’élabore à partir des représentations. Dans ce sens tout membre du groupe peut être le support de personnage intériorisé qui tisse la carte des réseaux sociaux de chaque participant. L’abstinence garantit la solidité du cadre et le respect de chacun dans son individualité.

La restitution.
Chacun est invité à restituer au groupe tout élément ayant un rapport avec la dynamique de groupe. Il peut s’agir du cheminement personnel, de rêves, de conversations, de rencontres fortuites entre deux participants…
Le travail individuel ainsi que le sentiment d’appartenance de chacun au groupe se trouvent par la même renforcés.

Comme on le voit, le sens de la règle n’est pas d’interdire, mais bien d’offrir un cadre sécurisant qui permet d’ouvrir à l’élaboration des choix et des priorités.